Jean-Paul ALIMI - Pianiste...

CINE-MUSIQUE LE 20 MARS 2008 A LA CINEMATHEQUE DE NICE - "DRAYER-ALIMI" - UN MOMENT D’EXCEPTION

CINE-MUSIQUE  LE 20 MARS 2008 A LA CINEMATHEQUE DE NICE -  "DRAYER-ALIMI" -  UN MOMENT D'EXCEPTION

Il est des moments qui restent éternels dans la mémoire. Toute notre vie peut être marquée par ces instants exceptionnels, beaux et émouvants. La Cinémathèque de Nice vient de nous en offrir un rare et inédit, et surtout unique.

Ce jeudi 20 mars la cinémathèque projetait l'un des plus grands chefs d'œuvre mondiaux du cinéma : «  La passion de Jeanne d'Arc » de Carl Theodor Dreyer. Ce somptueux film muet, succession de gros plans est basé sur les minutes du procès de Jeanne. Il aurait du être parlant mais ne le fut pas, et cela nous donne un montage audacieux, très contemporain.

Le visage de Jeanne (Maria Falconetti) apparaît en gros plan, alternant en permanence avec celui de ses juges (où l'on retrouve Michel Simon et Antonin Artaud). Ce chef-d'œuvre ne peut qu'impressionner un photographe et séduire un cinéaste par la modernité de sa construction cinématographique.

La cinémathèque sous la conduite de sa directrice Odile Chapel, a eu l'idée audacieuse d'inviter un musicien qui allait sonoriser en direct le film avec un piano. Mais il ne s'agissait pas d'un simple accompagnant, mais de Jean-Paul Alimi, le compositeur, qui va donner au film une nouvelle dimension en réalisant un exploit esthétique et physique. Physique car Alimi ne va pas quitter le clavier un seul instant pendant une heure et trente-cinq minutes. Mais esthétique surtout car sa création suivra en permanence l'action. Installé à côté de l'écran, il va renforcer encore la violence des images en suivant les plans et les dialogues. L'intensité dramatique du film lui inspire une œuvre fortissimo qui explosera dans le final lorsque Jeanne meurt sur le bûcher et que la population se révolte. 

La  musique de piano de Jean-Paul Alimi,  très souvent modale et préméditée tout en étant improvisée, est très inspirée des maîtres français et allemands du début du XXeme siècle (M.Ravel, A.Berg, A.Schoenberg…). Le film date justement de 1928. Toutefois, il va faire intervenir, en complément de ses propres compositions, de courts extraits d'airs célèbres: « Thème et variation en do mineur » de Beethoven, la « Marche de Rakoczy » de Lizt, pour souligner l'extrême violence de la scène finale, et  quelques airs de musique baroque comme « la Marche pour la cérémonie des Turcs » de Lully, « le Presto » de Pescetti, des extraits de Purcell et du choral, extrait de la Cantate n° 147 de J.S Bach plus connue sous le nom de « Jésus que ma joie demeure » lorsque les larmes coulent des yeux de Jeanne au moment de son extase mystique.

Et Jean-Paul Alimi ne va pas manquer d'audace anachronique en envoyant quelques notes de la Marseillaise lorsque Jeanne évoque la France. Le fil rouge de sa composition, le thème principal, est inspiré de Haydn, mais ses variations, très personnelles, témoignent de la création d'un grand compositeur.

Cette performance, dans le sens artistique du terme, traditionnelle de l'Ecole de Nice, restera comme un moment éblouissant et fugace dans la ville qui fût l'une des grandes patries du cinéma mondial.

Christian Gallo
© Le Ficanas ®



29/05/2008
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